« Jamais je n’oublierai mon ami Claude Klotz, alias Patrick Cauvin. Quand je pense à lui, je me dis qu’il était non seulement un écrivain exceptionnel, plume aux multiples facettes, dans la veine des très grands auteurs populaires qu’il admirait tant, mais aussi un « type » extraordinaire. Oui, « un type ». Ce mot lui sied à merveille, car il ne ressemblait à personne d’autre. Claude était hors du commun à tous égards. Sa compagnie était aussi séduisante que ses romans.
Chez lui, le talent n’avait pas besoin de forfanterie et de mise en scène. Il était si évident qu’il se conjuguait avec une simplicité et une sincérité sans apparat. Il ne faisait jamais semblant tout en étant d’une délicatesse attentive. Si quelqu’un lui déplaisait ou lui semblait importun, il passait son chemin, sans blesser. Il ne jacassait pas comme c’est trop souvent l’usage à Paris. Ses mots étaient à la fois rares et justes.
Il aimait la vie parisienne mais en évitait les pièges. Il s’était réfugié en hauteur, à Montmartre, certain ainsi de ne pas se laisser prendre dans le chaudron germanopratin. Il ne sollicitait personne, ne méprisait personne ni ne courait après personne. On allait naturellement vers lui. Il était indispensable à la littérature et aux proches qu’il avait choisis.
Denis Jeambar, « Portraits crachés », Flammarion, 19,90€
Le livre de Denis Jeambar, homme de presse (Le Point, L’Express) éditeur (Le Seuil) et écrivain (une vingtaine d’essais et de romans) présente les portraits d’une cinquantaine de personnalités, de Mitterrand à Chirac, de Rostropovitch à Lauren Bacall, de Serge Dassault à Blaise Pascal…
Des portraits tendres, cruels, acérés. Dignes et libres. Des portraits dans lesquels, bien sûr, Denis Jeambar se dévoile aussi. « Ce n’est pas l’essentiel mais je voudrais surtout qu’au terme de cette escapade dans quelques-uns de mes souvenirs s’impose l’idée que j’ai aimé la compagnie de mes semblables ».