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25 février 2014 2 25 /02 /février /2014 16:59

Au risque d’entendre certains bien-pensants – hypocrites ? – crier à la discrimination, à la moquerie voire – mais possèdent-ils assez de vocabulaire pour cela ? – à la cuistrerie, je reviens sur une dictée proposée récemment à des étudiants.

 

Peu importe qui ils sont et dans quel établissement ils suivent des cours. Mon but n’est pas – n’a jamais été et ne sera jamais – de les stigmatiser. Mais il me semble intéressant et légitime, à divers titres (prof de lettres, journaliste, formateur, amoureux de la langue française…) d’observer l’évolution de la maîtrise de l’orthographe, de la grammaire, de la conjugaison.

 

Boisson


J’avais déjà rapporté ici l’inventivité de certains quant à l’orthographe du mot « autochtones ». Quatorze versions différentes, parfois amusantes, mais qui toutes révélaient une méconnaissance de la langue et de son étymologie.

 

Cette fois, c’est une phrase d’apparence simple, tirée d’un texte de Philippe Delerm, qui a posé de gros problèmes. Seuls cinq des dix-huit étudiants présents ont évité la faute. Voici la phrase originale :

« […] ils pinçaient les lèvres de dégoût devant la boisson fermentée qui tout à coup les désaltère ».

 

Vous l’aurez compris (si vous avez lu le titre), c’est le verbe « désaltérer », conjugué à la troisième personne du singulier du présent de l’indicatif, qui a présenté des difficultés.

 

Bien sûr, le « les » placé juste devant en a induit plus d’un en erreur. Mais la sonorité en a amené d’autres à se référer aux haltères, peut-être plus familières à leurs oreilles – ou à leur quotidien.

 

Altérée

 

halteres-epoxy-500-grOn relève donc, parmi les conjugaisons fautives les plus commises, « désaltèrent » et « désaltères ». Puis l’orthographe, si je puis dire, s’altère : un surprenant « disaltère » qui marque sa différence et un plus surprenant encore « désaltaires » au suffocant suffixe. Viennent ensuite les versions plus sportives : l’incohérente « désalthèrent » puis les attendues « déshaltère » et « déshaltèrent ».

 

De quoi muscler notre réflexion sur la langue française, sa maîtrise et son avenir.

 

Olivier QUELIER

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