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18 août 2014 1 18 /08 /août /2014 20:23

Se méfier des histoires de famille : elles pourrissent souvent la vie et polluent parfois les romans. Il faut posséder tout le talent d’Olivia Elkaim – mâtiné d’une pudique mais forte sensibilité – pour éviter cet écueil et livrer avec « Nous étions une histoire » (Stock) l’empathique portrait de trois générations de femmes.

Quand Anita accouche d’un petit garçon, elle est loin de répondre aux attentes de ses proches : l’image idyllique de la jeune maman heureuse et aimante est déchirée par les griffes de l’angoisse, du doute, de la peur.

écorché le bonheur, déchiquetée la complicité avec son mari. Anita doit prendre ses distances. Elle part, échoue dans un hôtel de Marseille où le passé a tout loisir de ressurgir en la personne d’Odette, sa grand-mère.

Odette, « le tabou absolu » : « Ma mère ne parle jamais de sa mère. A personne. Ni à ses amis, ni à mon père, ni à moi, comme si elle n’avait pas de mère, comme si elle ne s’inscrivait dans aucune histoire familiale ».

Redonner voix au passé

Retourner à Marseille, pour Anita, c’est redonner voix au passé : aux disputes incessantes entre Rosie et sa mère ; aux conversations entre Jo (l’amant) et Sauveur (le mari), les deux hommes d’Odette ; aux messages de Louis (l’époux d’Anita) qui accepte de lui reparler après quelque temps, après qu’elle a soigné sa « toxicité » de mère inapte aux baumes halitueux de la mémoire.

Dans une langue fière et sensuelle, pleine de rancœur et de chaleur, Olivia Elkaim évoque trois générations de femmes en butte à leur propre histoire. Et tire le titre de ce beau roman d’une chanson de Léo Ferré « Words… words… words… » :

« Je déchargeais des tombereaux de souvenirs
Nous étions une histoire et n’avions rien à dire ».

« Nous étions une histoire », d’Olivia Elkaim, éditions Stock. 256p. 18, 50 €.

Olivier QUELIER.


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