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24 décembre 2009 4 24 /12 /décembre /2009 16:13

Sade.jpgEn 1777, de vilaines affaires de débauche conduisent le marquis de Sade alors âgé de 35 ans au donjon de Vincennes. Il ne sortira de captivité qu'en 1790 pour connaître un autre enfermement à l'asile de Charenton.

 

« Le malheur ne m'avilira jamais ». Le paria est reclus mais ne rompt pas. La cinquantaine de lettres réunies par Pierre Leroy révèlent un homme toujours combatif. A sa femme Renée-Pélagie, son seul soutien, l'épistolier enragé de liberté adresse des missives ardentes, souvent féroces, quand elles ne sont pas méprisantes.

 

Passant du tu au vous, il maudit sa belle-mère, la présidente de Montreuil qu'il estime (à juste titre) responsable de ses malheurs, insulte, exige, se plaint, enrage. Jamais pourtant il ne songe à se renier. Depuis sa geôle, le libertin réclame « des livres, des livres, des livres tout de suite au nom de dieu » et des accessoires peu innocents. S'il s'inquiète parfois de son château et s'enquiert de ses enfants, l'essentiel de ses préoccupations visent d'autres objectifs. Car le fameux captif n'abdique pas une once de sa liberté de ton.

 

Sade1.jpgL'emprisonnement ne muselle pas plus ses ardeurs que sa nature indomptable. C'est un homme rendu furieux par l'enfermement qui tour à tour supplie, invective, cajole, confie son désarroi à sa plus fidèle confidente. Entre ses murs, le jeune aristocrate perd son insouciance mais jamais la révolte qui court en lui comme une fièvre. Evoquant ses juges, il prévient. « Vous imaginez faire merveille en me réduisant à une abstinence atroce sur le péché de la chair. Et bien vous vous êtes trompés. Vous avez échauffé ma tête, vous m'avez fait former des fantômes qu'il faudra que je réalise ».

 

La lecture de ces lettres révélatrices d'un esprit tranchant, terriblement lucide, est un pur régal. Qu'il se plaigne qu'on refuse de balayer sa chambre ou de sa santé, jamais sa vivacité n'est prise en défaut. La reproduction des fac-similés témoigne d'une plume galopante qui ne laisse que peu de ratures et encore moins de repentirs.


« 50 lettres du marquis de Sade à sa femme ». Préface de Pierre Leroy, texte de Cécile Guilbert. Flammarion. 256 pages. 50 €.

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commentaires

P
<br /> Sade a engagé sa plume comme ultime arme. La nation doit savoir ce qui se passe intra muros et les turpitudes de l'extérieur. Mettre en scène le ressouvenir, s'anal yser, si possible : les 120<br /> journées n'étaient pas prévues à la publication.<br /> Frédérique, vous avez du tempérament...et du style. Sade aurait dit "du génie et de la tournure" !<br /> <br /> <br />
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