Philippe Mac Leod est un taiseux, un poète du silence. Nous en avons longuement parlé, dans un TGV qui nous ramenait, ainsi qu’une flopée d’auteurs, des Journées du livre et du vin de Saumur.
Mac Leod y avait obtenu le prix Omar Khayyam 2014 (ouvrage exaltant l'ivresse poétique) pour son ouvrage « Le Vif, le Pur » publié aux éditions du Passeur et était reparti, un peu gauche, les bras chargés de cadeaux encombrants.
Le prix ni les cadeaux ne l’avaient consolé de la journée : Philippe Mac Leod n’est pas homme de salon (quel qu’il soit) et le spectacle des auteurs assis derrière une table à attendre le visiteur, le lecteur, l’acheteur – quand on est poète… – lui a laissé un goût amer et fait regretter ses montagnes de calme et de méditation.
Philippe Mac Leod est un poète du silence. Il le dit, le répète : il est très peu connecté. Un téléphone portable pour le travail saisonnier et précaire qui ne le distrait guère de son œuvre, une adresse mail pour envoyer ses textes et échanger avec quelques interlocuteurs.
Pour le reste, rien du monde moderne ne le concerne : chez lui, dans les Pyrénées, ni téléviseur, ni radio, ni source de musique. Une modeste voiture pour pouvoir assurer son boulot alimentaire. Pas de femme ni d’enfant. Pas d’animal de compagnie...
Mysticisme
Rien qui puisse détourner Philippe Mac Leod du silence, de sa quête de contemplation, de mysticisme même : « Les pages que rassemble ce recueil en appellent à la clarté de la vie qui parfois se laisse surprendre dans l’éblouissement de sa nudité, son intensité, ses vertiges, tout ce qui en elle nous échappe, nous plongeant dans le plus grand désarroi et le plus grand bonheur ».
« Le Vif, le Pur », sous-titré « Poèmes pour un visage » est un recueil qui traque cette transparence au cœur même de son expérience de vie. Il livre une soixantaine de textes au langage profond, qui tirent leur limpidité de la nature, des paysages :
« Tout nous vient, tout nous est rendu
Avec le ciel vivant, le ciel de septembre ».
Dans la poésie de Mac Leod, les mots comme les hommes sont perdus, ballottés, ne cherchant qu’à rejoindre « la vie dans son ignorance ».
« Nous sommes parvenus jusque dans l’octobre qui dénoue les chemins ».
Peu à peu, le poème se dessine et les mots, encore déboussolés, « voudraient rendre à la parole ce pouvoir incomparable, non plus de nommer, de capter, de saisir, mais d’être elle-même le cœur battant du mystère ».
Silence
Ce soir-là, Philippe Mac Leod ne put revoir ses chères montagnes. Trop de trajet encore, il dut passer une nuit à Paris, près de Montparnasse, et partir à la première heure pour pointer sans retard au travail des hommes communs.
Un jour, m’expliqua-t-il de sa voix douce et posée, – ni ascète ni esthète, libre poète hors du temps – son regard clair protégé de fines lunettes me fixant autant qu’il se perdait parfois dans la quête de mots et d’images – un jour, donc, Philippe Mac Leod écrira son grand recueil sur le silence. La montagne l’y aidera. Sa foi l’y aidera. Et nous aussi l’y aiderons, à notre manière modeste, prosaïque, maladroite, épatés par cette quête spirituelle évidente et si solitaire.
Vous êtes au-dedans, en vos chants désordonnés
Et moi au dehors, pas assez mort ou si peu vivant
Olivier Quelier.
« Le vif, le pur. Poèmes pour un visage », Philippe Mac Leod, éditions Le Passeur. 92p. 14, 90€.
Philippe Mac Leod (micro à la main) à Saumur pour la remise du prix de poésie.