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13 juillet 2014 7 13 /07 /juillet /2014 18:37

Étranger, pour moi, est un mot pivot. D'abord, parce que je suis toujours a priori très étrangère aux sujets que traitent mes livres. C'est par la méconnaissance que j'en ai, par la pauvreté qui est la mienne que j'inscris le geste littéraire.

J'aime aussi rapatrier dans la langue littéraire des mots étrangers à la littérature : le langage des chantiers, de la médecine, des ados. Un jour, je me suis retrouvée à Arles, au collège des traducteurs, et quelqu'un m'a interpellée : « Mais vous n'êtes pas traductrice, que faites-vous là ? » Pour rire, j'ai répliqué : « Si, je suis traductrice ! » Puis j'ai réfléchi à cette plaisanterie : oui, j'étais traductrice, en ce sens que je traduis mon français – je ne parle pas comme j'écris.

Parfois, quand je regarde mon livre une fois qu'il est rédigé, les phrases me paraissent étrangères. Je les ai écrites, mais elles ont été produites dans un moment de traduction, qui passe par un enrichissement : aller chercher de la préciosité, le mot rare, le faire affleurer de l'oralité.

 

Cela donne ce français étranger, ce français qui n'est pas ma langue maternelle.

Réparer-les-vivants-de-Maylis-de-Kerangal

Extrait d’une interview publiée dans Télérama n°3349 (19 mars 2014). Retrouvez l'intégralité ICI.

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