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22 décembre 2009 2 22 /12 /décembre /2009 16:06

Pierre Petitfils, son biographe, en convenait. « Rimbaud ne dessinait pas très bien : son outrance naturelle se retrouve dans ses croquis lourdement appuyés ». A l'origine de cet album inédit, Jean-Jacques Lefrère partage cet avis.

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Une chronique de Frédérique Bréhaut.


Disons-le tout net. Si ces dessins n'étaient pas de la main ou, pour certains, attribués abusivement à l'auteur des « Illuminations », leur intérêt serait médiocre. Moins doué que ses pairs Verlaine ou Hugo dès qu'il s'agit de croquer, Arthur Rimbaud a le geste malhabile. Pourtant, les dessins dont l'authenticité est avérée sont profondément touchants.

 

Le 10 juillet 1891, depuis Marseille, l'homme blessé a renoncé à ses semelles de vent. De son lit d'hôpital où il gît amputé, il adresse une lettre poignante à sa sœur Isabelle, dans laquelle il relate le calvaire des béquilles et de la jambe mécanique. Afin d'être encore plus explicite, Rimbaud au bord de l'abîme crayonne dans la marge ces instruments qui lui sont une torture.

 

L’esprit fantaisiste


Mais comme le souligne Jean-Jacques Lefrère, la qualité esthétique des dessins de Rimbaud demeure secondaire. En revanche, ils offrent de précieux indices sur l'esprit fantaisiste du jeune garçon puis du poète.

L'album est partagé en trois volets. Le premier rassemble les dessins d'une incontestable authenticité. Le second réunit ceux qui figuraient dans l'Atlas de la famille Rimbaud ; la dernière partie est consacrée à divers dessins qui lui sont attribués. L'auteur des « Illuminations » ne s'intéresse guère à la peinture. Fantin-Latour en atteste, disant qu'Arthur au Louvre « s'ennuyait devant les tableaux et préférait regarder dehors ».

Gamin, il croque des scènes maladroites et fantaisistes comme les jeux d'enfants ou les caricatures qui illustrent ses cahiers d'écolier. Plus tard, il s'adonne au décalque d'illustrations choisies dans des périodiques du Second empire.

Entre une scène de traîneau et les illustrations extravagantes d'une lettre à Ernest Delahayes, les dessins d'Arthur Rimbaud dévoilent une personnalité saisie dans l'instant.

 

« Les dessins d'Arthur Rimbaud » par Jean-Jacques Lefrère. Flammarion. 160 pages. 45 €.

 

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